Depuis Pratto allo Stelvio 24.3km, altitude 2758m, dénivellation +1808m, pente moyenne 7.5%, pente maximale 11%.
Historique: https://fr.wikipedia.org/wiki/Col_du_Stelvio
Link SRAVA: https://www.strava.com/activities/1155995356
"Nulle par ailleurs, dans toutes ces multiples victoires sur la verticalité, il n'existe une chose aussi sensationnelle, d'un point de vue technique, que la spectaculaire défaite infligée par la route à la face nord de Stelvio." (Hugh Merrick connaisseur des cols montagneux)
"Une expérience d'ascèse" - un acte d'abnégation et de dévotion quasi religieuse (Marco Pinotti - Giro 2005)
Stelvio - la montagne sacrée du Giro d'Italia - devait figurer sur notre feuille de route des plus grandes ascensions des Alpes à vélo car elle dépasse 2 700 m. Après le col de la Bonette et celui d’Iseran en France, avec le Stelvio en Italie, nous avons réussi ce trio formidable.
La montée depuis Pratto (côté nord) avec 48 virages et plus de 1 800 m d'ascension est l'une des plus fière que nous ayons jamais faite. Il nous a fallu du courage pour la conquérir.
Le beau temps était avec nous. Je suis parti tôt avec Costin de Burgusio, sur une piste cyclable en descente jusqu'à Pratto (alt. 950 m) où nous devrons retrouver Claudine avant la montée. Malheureusement, elle s’est égarée car le GPS de voiture l’a envoyée sur une autre vallée sur la Suisse. Après plusieurs échanges téléphoniques incendiaires et une heure de perte de temps, nous avons fini par nous rejoindre et commencer la montée.
Au début, les pentes sont acceptables mais après le village de Trafoi, les virages commencent à apparaître et la pente devient plus difficile. La route était agréable car elle traversait la forêt nous permettant de bénéficier de zones ombragées. Cela m’a favorisé par rapport à la chaleur qui a commencée se faire sentir alors qu’au contraire pour Costin elle était la bienvenue.
Une fois sortis en zone alpine, le soleil brûle (indice UV 7) malgré la brise qui descend de l'altitude. Je regrette le temps perdu au départ parce que maintenant en plus de l'effort accru s'ajoute la chaleur. Un autre facteur que j'ai omis dans notre préparation a été la prise en compte de l'altitude. On pédale différemment jusqu'à 2 000 m par rapport à plus de 2 000 m et le Stelvio est à 2 758 m. Une fois arrivés à 2 000, nous réalisons que la route va être très longue. J'ai commencé à élaborer des plans et mettre en pratique des stratégies de dosage de l'effort pour aller le plus haut possible sans mettre pied à terre. Mais finalement, le corps décide malgré le dévouement et le désir de résister. Costin pour m’attendre avait trouvé un petit stationnement dans une infructuosité de la roche. Je me arrête à bout de souffle et sans voix. Je l'entends me dire que nous avons 60 ans et que n'avons tué personne pour faire un tel effort. Il commence à m’agacer avec ses leçons habituelles. Tout ce que je peux lui dire est de se taire. Nous étions à un peu plus de 2 000 m. Il nous reste encore plus de 700 m d’ascension après les 1 100 m effectués depuis Pratto.
La route est très passante, empruntée par les voitures, les motos et bien-sûr les vélos. Nous nous rendons vite compte que nous ne sommes pas les seuls à souffrir. Costin a pris la roue d’un groupe d'environ 10 Néerlandais. Je suis satisfait de le voir partir doucement même si je me rends compte que je ne peux pas donner plus. Lentement, je deviens une machine à pédaler : mon corps s'accroche, mes muscles se tétanisent, les premiers picotements dans le cou et les bras apparaissent. Tirer sur la pédale pour relancer la machine, nous plier sur le guidon et forcer sur les pédales, monter en danseuse pour détendre le corps et réduire la douleur, tout devient routine et seule la force de l'esprit permet à cette machine de monter le plus haut possible. Tout devient effort et douleur : boire deux gorgées du bidon, rechercher une barre énergétique dans la poche arrière, s’asseoir sur la selle. Nous arrivons dans les fameux virages à 180 degrés du Stelvio et j’ai trouvé ce que je cherchais. L'avantage est que ces virages sont presque à plat et permettent de pédaler quelques tours en détente avant d'attaquer une nouvelle rampe de 10-11%. La montée ressemble à de la nage sous-marine en apnée, à l’intérieur de chaque virage je mets la tête hors de l'eau et je respire.
Enfin, commencent à apparaître au sol, les traces du dernier GIRO : 2 km, 1 km, 500 m, 300 m, 100 m ... jusqu'au sommet. A 2 km, je me dis que c'est encore loin mais je me accroche aux pédales. A 1km, je me dis qu'il reste encore un peu et que tout se terminera. A 500 m, la douleur est là mais je serre les dents car abandonner n’existe plus. Je vois le haut du sommet à 300 m et je descends un pignon. A 100 m, c’est l’euphorie car je vois les cyclistes qui me regardent avec un sourire complice, les piétons en admiration, les motards en sueur et heureux me disant : «avec le moteur c’était dur, mais avec le vélo…». Dans les 100 derniers mètres, avec mon jumeau, nous sommes plus près du ciel, plus près de nos proches disparus car nous avons l’impression qu’ils nous regardent. Je comprends toute l'attraction de ce sommet, l'importance et les sacrifices pendant les mois de préparation et j’ai les larmes aux yeux.
Nous sommes sur Stelvio.
Nous nous embrassons et nous prenons des photos au monument dédié à Fausto Coppi. Nous voici dans un autre monde où personne ne dérange personne. Il se parle plusieurs langues et tous ont le sourire de gratitude affichée sur leur figure. Les terrasses sont remplies, les boutiques de souvenirs sont pleines et une atmosphère incroyable règne. Elle efface tous les efforts pour y arriver. Je bois une bière, Costin et Claudine méritaient leur jus de fruit.
Nous descendons tous, en voiture vers Bormio où nous restons trois jours. Claudine avait sa dose de conduite pour la journée ce que nous comprenons. Nous savons que nous reviendrons pour la descente.
Stelvio - muntele sacru din Giro d'Italia - trebuia sa intre si in palmaresul nostru, al celor mai mari ascensiuni cicliste din Alpi de peste 2700m. Dupa Bonette si Iseran din Franta cu Stelvio din Italia am reusit acest trio redutabil.
Urcarea dinspre Pratto (versant nord) prin cele 48 de virage si +1800m de ascensiune reprezinta una din cele curajoase urcari pe care le-am realizat vreodata.
Un prieten roman necunoscator ma intreba daca e mai greu ca Transfagarasul. Nu prea am stiut ce sa-i raspund ca sa poata intelege. In orice caz, la altitudinea unde Transul se termina, Stelvio incepe, iar cu pantele din Trans pe Stelvio ne faceam revenirea.
Vremea buna a tinut cu noi. Am plecat cu Costin devreme de la Burgusio pe o pista ciclabila in coborire pina la Pratto (alt.950m) unde ne-am dat intilnire cu Claudine inainte de a lua ruta de catarat. Din pacate Claudine s-a pierdut. Gps-ul de masina ducind-o pe alta vale. Au urmat citeva schimburi telephonice incendiare si dupa vreo ora am reusit sa ne regasim si sa incepem urcarea.
La inceput, pantele sint acceptabile dar dupa localitatea Trafoi virajele incep sa apara si pantele sa devina mai dure. Drumul e deasemenea prin padure deci cu multe zone de umbra care m-au favorizat fata de caldura care incepea sa se resimta. Pentru Costin caldura era binevenita.
O data iesiti in zona de gol alpin atunci soarele ardea bine (ind. UV 7) cu toata briza care cobora din altitudine. Incep sa regret bine ora pierduta, pentru ca la efortul crescind se mai adauga si caldura. Un alt factor pe care l-am omis din calcule si pregatirea noastra a fost altitudinea. Altfel pedalezi pina la 2000m si altfel pedalezi la peste 2000m. Altitudinea max a lui Stelvio e de 2758m si o data ajunsi la 2000 am inceput sa realizez ca drumul va fi foarte lung. Am inceput sa fac planuri si strategii in dozarea efortului ca sa putem merge cit mai sus fara a pune piciorul jos. Dar pina la urma corpul decide cu toata abnegatia si dorinta de a rezista. Costin ma astepta oprit intr-un mic parking facut in stinca. Ma opresc si eu cu respiratia taiata si fara glas. Il aud zicindu-mi ca avem 60 de ani si ca n-am omorit pe nimeni ca sa facem un astfel de efort. Incepe sa ma dadaceasca cum are obiceiul, sa beau apa, sa ma asez jos, sa maninc ceva, ceea ce nu face decit sa ma enerveze si mai mult. Tot ce pot sa-i zis este sa taca. Eram la un pic peste 2000m. Ne mai ramineau +700m de catarat dupa cei +1100 facuti de la Pratto.
Drumul este foarte circulat de masini, motociclete si bineinteles biciclete. I-am ajuns pe mai multi biciclisti din urma si am fost depasiti la rindul nostru de altii mai tineri si vinjosi. Majoritatea care ne-au depasit, in afara de 2 tineri, ii gaseam mai sus opriti pe marginea drumului. Pina si bicicletele electrice se opreau. Ne dam bine seama ca nu sintem singurii care suferim.
Costin nesuferind de caldura ia roata la un grup de vreo 10 olandezi. Eu ma multumesc sa-i vad departindu-se incet si sa realizez ca mai mult nu pot sa dau. Devenim incetul cu incetul o masina de pedalat. Corpul se cramponeaza, muschii se tetanizeaza apar primele furnicaturi in ceafa si in brate. Tragem de pedale sa relansam masina, ne aplecam pe ghidon sa fortam pe pedale, ne ridicam pe picioare ca sa relaxam corpul si sa reducem durerile. Totul devine o rutina iar mintea se forteaza sa conduca aceasta masina cit mai sus. Totul devine efort si durere: sa cauti bidonul pentru doua inghitituri, sa cauti o bara in buzunarul de la spate, sa te asezi din nou pe sa.
Sintem pe celebrele virajele la 180° de pe Stelvio. Ce-am cautat, am gasit. Avantajul este ca virajele sint plate sau aproape plate si ne permite o relaxare de citeva ture de pedale inainte de a ataca o nou rampa de 10-11%.
Urcusul asta seamana cu inotul sub apa in apnee si la fiecare viraj scoatem capul din apa si respiram.
Ma opresc inca o data sa pot minca gelurile energetice si sa beau. Constat ca un bidon e gol si celalalt la jumatate. Panica. Asta inseamna ca trebuie sa ma mai opresc o data dupa ce o gasesc pe Claudine sa fac plinul. Si nu sint decit la 2300m. Dar unde e Claudine? Inecerc sa scrutez fiecare viraj ca sa zaresc masina oprita. Singurele locuri de oprire pe aceasta strada sint mici parking-uri facute in viraje si care sint majoritatea ocupate de alte masini si motociclete. Manevrele de a se gara sint delicate si inteleg ca masina mea n-o s-o gasesc decit intr-un mare parking unde Claudine ar avea curajul sa se parcheze. O gasesc in sfirsit pe la +2500 si la 4 km de virf. Beau pe nerasuflate juma de sticla de Badoit, mai pun ceva in bidon si o iau din loc. Virful nu e departe. Costin de negasit. Dupa ce i-a urmat pe olandezi care au explodat unul cite unul s-a trezit de unul singur si vazind ca nu mai vin a continuat ajungind primul in virf.
Incep sa apara pe sol urmele de la ultimul GIRO: -2km, 1km, 500m, 300m...100m pina la final.
La 2km imi zic ca mai e de tras si ma cramponez pe pedale. La 1km imi zic ca mai e putin si totul se va termina. La 500m durerea e prezenta si string din dinti. Abandon nu mai exista. La 300m incep sa zaresc virful mult rivnit si cobor un pignion.
La 100m este euforie. Zaresc ciclisti care ma privesc cu un zimbet complice, pietoni in admiratie, motociclisti transpirati si fericiti parca zicindu-mi: "cu motorul a fost greu dar cu bicla !".
La ultimi 100 de metri sintem mai aproape de cer, mai aproape de cei dragi disparuti si care parca ne privesc de acolo de sus. Aici inteleg toata atractia acestui virf, semnificatia si sacrificiul facut de luni de zile. Am lacrimi in ochi.
Suntem pe STELVIO.
Ne regasim cu toti, ne imbratisam si ne facem poze la monumentul lui Fausto Coppi.
Aici este o alta lume. Parca am fi la Mecca. Un furnicar de oameni biciclete, motociclete si masini. Aici nimeni nu deranjeaza pe nimeni. Se vorbeste in multe limbi, toti au surisul de multumire afisat pe fata, terasele sunt pline, magazinele de suveniruri sunt pline, o ambianta nemaipomenita care sterge cu buretele tot efortul de ajunge aici.
Eu beau o bere binemeritata iar Costin si Claudine sucul lor de fructe.
Coborim cu toti cu masina la Bormio unde vom sta 3 zile. Claudine a avut destul doza de stress de una singura. O intelegem. Vom reveni pentru coborire.
Passo dello Stelvio